L’accès à la villégiature sera-t-il bientôt hors de prix pour les familles moyennes dans la MRC de Maria-Chapdelaine? Au prix où se vendent les camps et chalets en forêt, cela semble bel et bien être en voie de se produire.
Un rapide tour d’horizon de différentes plateformes de vente permet de constater qu’un simple terrain de villégiature prêt à recevoir un bâtiment se vend dans les vingtaines de milliers de dollars.
Les chalets et camps forestiers, eux, se vendent à des prix qui varient en fonction du niveau de luxe de l’édifice, mais aussi de l’éloignement. Nos recherches ont permis de trouver un certain nombre de chalets et camps disponibles dans les 50 000 à 80 000 $.
Des bâtiments mieux équipés ou avec des emplacements recherchés commandent quant à eux des prix comparables à des résidences unifamiliales en milieu rural, soit de 120 000 $ à 165 000 $.
Transferts en hausse
À la MRC de Maria-Chapdelaine, on constate que les transferts de baux de villégiature sont en forte hausse dans les dernières années. En 2016, on avait enregistré 180 transferts de baux de villégiature (172) et d’abris sommaires (8). En 2021, la dernière année de référence disponible, 265 baux de villégiature et 11 baux d’abris sommaires ont été transférés.
Toujours selon les données de la MRC, la valeur moyenne des baux de villégiature transférés en 2021 était de 30 340 $. Pour l’ensemble des 3 693 baux enregistrés au 1er janvier 2022, la valeur moyenne des immeubles et terrains se chiffrait à 41 980 $.
C’est donc dire que comme pour les résidences, les chalets et camps en forêt continuent de se vendre à des prix largement supérieurs à la valeur d’évaluation.
Fait intéressant, toutefois, une part grandissante de femmes se portent acquéreuses de baux de villégiature alors que 28% des transferts enregistrés en 2021 l’ont été par des femmes.
La MRC préoccupée
Le préfet de la MRC de Maria-Chapdelaine, Luc Simard, souligne que comme les lois du marché s’appliquent, il y a peu de place pour la MRC pour intervenir. Il affirme toutefois qu’il s’agit d’un enjeu sérieux.
« C’est très préoccupant, surtout que ce sont beaucoup des gens de l’extérieur qui achètent des camps et chalets. Même dans nos tirages au sort pour des terrains, ce sont en grande majorité des gens de l’extérieur qui participent. Nous avions vérifié s’il n’aurait pas été possible de trouver une façon d’octroyer une priorité locale, mais c’était impossible. »
Alors que l’on se sert de la proximité à la nature et de l’accès à la forêt comme argument pour vendre la MRC de Maria-Chapdelaine, il apparait de plus en plus difficile pour un citoyen au revenu moyen d’acquérir un camp ou chalet si celui-ci n’était pas déjà dans la famille.
Luc Simard souligne que la MRC a la volonté de développer de nouveaux terrains, mais que ce ne sera pas possible avant le dépôt par le gouvernement d’une nouvelle mouture du Plan de développement régional du territoire public (PRDTP).
« Nous travaillons toutefois notre projet de forêt habitée au sein de laquelle on voudrait examiner comment on pourrait développer la villégiature autrement. Il y a une réflexion à avoir et on doit aussi discuter avec les communautés autochtones, car elles aussi ont leurs propres enjeux en lien avec le développement du territoire traditionnel. Mais pour l’instant, on est pas mal gelé dans le développement de terrains. »