L’artiste multidisciplinaire Mélanie Saint-Germain vient de terminer une série web d’animation de cinq épisodes, intitulée Bon… pour démystifier le féminisme, souvent mal perçu selon l’auteure. Un « Bon » qui pourrait signifier « Bon, elle est féministe ».
C’est de la maison que la cinéaste d’animation réalise tous les dessins, mais à partir de personnages en chair et en os. Il s’agit du comédien Bruno Paradis et de la comédienne Émilie Gilbert-Gagnon. Mélanie Saint-Germain utilise alors la technique cinématographique de la rotoscopie qui consiste à reproduire image par image les contours d’un sujet filmé en prises de vues réelles.
« Émilie joue tous les rôles féminins alors que Bruno joue à la fois les alliés des femmes et les sans-dessein. Ils sont extraordinaires mes comédiens », tient à dire la réalisatrice qui fait aussi la narration. Parce que les comédiens, on ne les entend pas parler.
Travail de moine s’il en est un alors que l’artiste a fait pas moins de 8 280 dessins pour son projet d’animation. Chaque épisode fait entre deux minutes et deux minutes trente. Ce sont douze images à la seconde pour cette animation.
« J’utilise ma tablette graphique pour les dessins. Les possibilités sont immenses et l’animation me permet de faire de la magie avec les personnages ».
Il lui est arrivé fréquemment de faire 10 heures d’affilée de dessins et de devoir s’imposer un temps limite.
« Des fois, pour me défouler, je dessinais sur du papier avec un crayon. Juste pour le plaisir », lance-t-elle en riant.
Du sérieux tout en humour
Chaque épisode de sa série aborde un thème précis. En ouverture, c’est la vulgarisation du féminisme. Les autres thèmes sont les standards de la beauté, la culture du viol, le pro-choix à l’avortement et enfin l’orgasme au féminin. Ce dernier épisode est le préféré de Mélanie Saint-Germain.
Il y avait pour elle tout un défi à aborder ces sujets aussi sérieux à la base, par l’humour tout en gardant la pertinence du sujet en avant-plan. Traiter de tous ces sujets en moins de deux minutes trente était un autre défi de taille pour la cinéaste, qui a aussi bénéficié de l’apport de Simon Trottier, humoriste et avec qui elle partage sa vie.
« On sait que les jeunes sont très présents sur le Web. Je voulais les rejoindre et les toucher en même temps. Je souhaite que ma série web fasse réfléchir et suscite la discussion. »
Celle qui est aussi la réalisatrice du court métrage Elles sorti en 2021, a reçu du financement du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et bénéficié aussi d’un soutien technique de Télé-Québec pour l’enregistrement.
Elle rend hommage à Boran Richard, un artiste et prof de cinéma au Cégep de Saint-Félicien.
« Je l’ai connu en 2013 et il est devenu un grand ami depuis. Cette rencontre a été déterminante dans mon cheminement et comme cinéaste d’animation. Je lui dois beaucoup. »
En attendant la diffusion de Bon… sur le Web, Mélanie Saint-Germain a déjà un autre projet en tête. Pendant qu’elle travaillait sur sa série Web, des idées nouvelles surgissaient déjà.
« Lorsqu’on est travailleuse autonome, on a intérêt à ne jamais manquer d’idées ni de projets », conclut-elle.