Chaque 12 août, on nous invite à acheter un livre québécois, et je trouve l’initiative formidable. Les librairies regorgent ce jour-là de lecteurs enthousiastes et de discussions qui donnent envie de repartir avec un sac bien plus lourd qu’on avait prévu. Mais pour moi, le plaisir de lire québécois ne se limite pas à un seul carré de calendrier. C’est une habitude qui s’étire à l’année.
La littérature d’ici a ce pouvoir unique de nous tendre un miroir qui nous ressemble. Lire un auteur québécois, c’est souvent se lire un peu soi-même, et c’est peut-être pour ça que ça me touche autant.
Cette année encore, j’ai fait de belles découvertes. Des voix qui m’ont fait rire, réfléchir, voyager, parfois pleurer. Des histoires qui m’ont collé aux doigts.
Alors, si le 12 août m’a rappelé de retourner à la librairie, c’est surtout mes coups de cœur à l’année qui m’ont tenue fidèle aux rayons québécois.
Voici trois livres qui m’ont marquée, chacun à leur façon. Ils ne sont pas en ordre. Je les ai tous aimés pour différentes raisons.
1- Sirop de poteau, de Francis Ouellette, VLB Éditeurs, 2025
C’est le deuxième livre de l’auteur, et on reste dans le même univers que son premier roman Mélasse de fantaisie (je profite de cette tribune pour demander à qui c’est que je l’ai prêté, m’en souviens pu et j’aimerais grandement le ravoir). Moins dur mais aussi touchant, on y décrit le parcours de Frigo, un « robineux lumineux » qui a arpenté les rues du centre-sud à Montréal et qui a touché de près ou de loin ceux qui y ont vécu. Je sors de cette lecture avec un regard différent, plus sensible, sur l’itinérance.
2- Le chien de meurt pas à la fin, Joël Martel, La Mèche, 2025
Je ne connais pas Joël Martel autrement que par ricochet, mais en le lisant, j’ai eu l’impression de retrouver un bon chum. Il y a dans ce livre une générosité désarmante: ouvrir des pans entiers de sa vie à travers les chats et chiens qui l’ont ponctuée, c’est doux, simple, profondément humain. Je m’y suis reconnue facilement, même si j’hais vraiment beaucoup les chats.
3- La mère des larves, de Maude Jarry, Les Éditions de ta mère 2025
C’est l’histoire de Sarah, technicienne en santé animale, qui se retrouve soudainement prise pour cible… Par les chats. Derrière cette prémisse intrigante se cache une trame beaucoup plus profonde et encore trop taboue: celle de la légitimité des femmes qui choisissent de ne pas avoir d’enfants.
Vous savez, c’est pas juste à la Saint-Valentin, qu’on doit aimer. Même chose avec les livres québécois. Ne vous limitez pas au 12 août, chérissez-les à l’année!