Chroniques

Temps de lecture : 1 min 40 s

Les bleuets, Mickey pis grand-papa

Le 21 août 2025 — Modifié à 07 h 00 min le 21 août 2025
Par Stéphanie Gagnon

Je ne suis pas une grande cueilleuse. Quand je me présente en forêt, c’est pour le plaisir de l’activité.

Faut dire que j'ai boudé la cueillette un temps, après l’incident du mulot qui avait grimpé dans mes culottes quand j’étais petite… Aujourd’hui, je peux faire face à un ours sans problème, mais un mulot ou une couleuvre? Oubliez-moi. Conseil: les bas par-dessus le pantalon.

Bref, en fin de semaine passée, je me suis agenouillée une vingtaine de minutes pour remplir un 2 litres de crème à glace de bleuets. Je ne sais pas si c’est un bon ratio de cueillette, mais je m’en fous. Je suis pas là pour performer, mais pour ralentir.

J'aime ça, détacher les fruits avec mes mains. «Ces deux mains-là». Soulever les petites feuilles pour trouver les plus dodus, les plus sucrés. Ils sont si succulents quand ils tirent sur le marine.

Quand j’avais 4-5 ans, un de mes livres préférés était la version Mickey Mouse d’Aladdin.

Mickey, coincé dans la grotte aux merveilles à cause du méchant, découvre un arbre de fruits étincelants, faits en pierres précieuses. Cette image sur deux pages m’a longtemps fait rêver tant je la trouvais féérique et lumineuse.

Samedi passé, la façon dont la lumière du soleil kissait sur les bleuets, ça m’a rappelé les bijoux-fruits de cette image. Je déposais les fruits dans mon plat en pensant à ça : ce que j’avais entre les mains, le moment… J’ai trouvé que ça frisait le merveilleux et j’ai eu 5 ans à nouveau. Riche comme Mickey.

Après, j’ai pensé à mon défunt grand-père Gaston. Chaque été, il partait pour un avant-midi de cueillette, parquait sa Jetta sur l’accotement de la 170 entre Jonquière et Larouche (une bonne talle qu’il connaissait ) et ressortait avec 4-5 plats de yogourt remplis à ras bord de bleuets qu’il faisait geler pour en avoir à l’année. J’ai aimé ça faire comme lui, pis ramasser ma petite part dans le bois.

Peut-être parce que c’est une activité ancestrale millénaire, mais j’avais l’impression d’accomplir un rituel important. Je suis repartie satisfaite de ce moment suspendu dans le temps, entre hier et demain, parce que j’ai cueilli des souvenirs, et des projets.

Je pense qu’on possède une sorte de boussole intérieure, qui pointe vers ce qui compte vraiment. Nos racines, nos liens… Pis le bois, c’est là où elle fonctionne le mieux.

Salut grand-papa, j’ai senti que t’étais pas loin.

Abonnez-vous à nos infolettres

CONSULTEZ NOS ARCHIVES