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Bleuets : les cueilleurs désertent la forêt

Serge Tremblay
Le 21 août 2020 — Modifié à 13 h 36 min le 21 août 2020
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

C’était autrefois une tradition incontournable dans de nombreuses familles du Lac-Saint-Jean et c’est aujourd’hui une activité économique qui se perd. La cueillette de bleuets en forêt n’est décidemment plus ce qu’elle était.

« La question, ce n’est pas tant est-ce que la récolte sera bonne, ça on sait qu’il y en aura une. C’est plutôt, est-ce qu’il y aura assez de gens pour récolter le bleuet en forêt. Il y a de moins en moins de cueilleurs, ça c’est clair! », lance Alain Laprise, président de l’Association des cueilleurs de bleuets hors bleuetière.

Il faut dire que le coût de la vie n’a cessé d’augmenter alors que le prix du bleuet, lui, a diminué. Cette année encore, le prix de départ offert pour le bleuet cueilli en forêt est de 0,70 $ la livre, le même que l’an dernier. Rien pour inciter les cueilleurs potentiels à se rendre en forêt.

« Il faut payer l’essence et la nourriture à des prix qui ont beaucoup augmenté au fil des ans. Rentabiliser ton voyage, à 70 cents la livre, il faut être un très bon cueilleur. Les jeunes ne sont pas intéressés et ceux qui sont encore là sont surtout des gens plus âgés qui ont toujours fait ça et qui y retournent surtout parce qu’ils aiment ça. »

Pour ajouter au malheur des cueilleurs, les acheteurs ont cessé de se déplacer pour installer des points d’achat en forêt. Ils se rendent dans certaines municipalités à proximité, mais sans plus.

« On doit revenir à ce que c’était dans les années 70 et 80, il faut que tu redescendes en ville avec tes bleuets. À moins d’être plusieurs cueilleurs ensemble pour rentabiliser chaque voyage, c’est encore un coût supplémentaire. »

Résultat de tous ces facteurs : les cueilleurs ont abandonné en grande partie la forêt. Alors qu’il s’est déjà cueilli jusqu’à 16 millions de livre en forêt, on a atteint les 1,2 million l’an dernier.

Belles années

Dans les belles années, la cueillette de bleuets en forêt constituait un apport économique non négligeable pour de nombreuses familles. Cet argent arrivait à point, avec la rentrée des classes, afin d’habiller et d’équiper les enfants en vue de l’année scolaire.

« Je me souviens qu’au début des années 80, on récoltait de 10 000 à 15 000 $ de bleuets. C’est vrai que nous étions une famille nombreuse pour cueillir, mais à cette époque c’était beaucoup d’argent. »

Et cette somme, il faut bien le dire, était engrangée au noir. Depuis l’an dernier, les acheteurs sont tenus de noter le numéro d’assurance sociale de chaque cueilleur auprès de qui ils achètent des bleuets. Une façon pour les gouvernements de s’assurer de prélever l’impôt sur ces gains.

Évidemment, Alain Laprise et l’Association des cueilleurs de bleuets hors bleuetière ne cautionnent pas le travail au noir, mais force est de constater que cela a un impact majeur sur l’intérêt des cueilleurs pour l’activité.

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