SOCIAL. «On projette qu'il y aura en 2018 210 000 personnes aînées LGBT au Québec. C'est une population importante pourtant, on n'en parle pas. C'est une population invisible et c'est un problème.»

De passage à Alma la semaine dernière, Laurent Breault, chargé de programme: Pour que vieillir soir gai, a tracé un portrait plutôt sombre des réalités du vieillissement chez les personnes aînées lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT).

Devant les membres de la section locale de l'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) ainsi que des membres de plusieurs autres groupes, le représentant de la Fondation Émergence a soutenu que dans tout ce qui concerne le vieillissement, cette population est invisible, aussi bien dans les médias pour aînés et au sein des associations et fédérations que dans les politiques institutionnelles.

Il sépare en deux groupes les personnes LGBT: celles avant et celles après les émeutes de 1969, moment de premières affirmations politique des personnes LGBT.

«Alors que les dernières générations s'affichent, les personnes âgées les plus vieilles restent dans le placard, ont du mal à s'afficher», souligne celui qui dénote quatre types de stigmatisation: légale, médicale, religieuse et sociale.

Bien que des différences soient perçues, un profil global peut toutefois être défini chez tous les aînés LGBT. Ils n'ont souvent pas le soutien de leur famille, n'ont pas de progéniture pour s'occuper d'eux, sont susceptibles de développer des dépendances, reconstituent une famille avec leurs amis et appréhendent de subir de l'homophobie dans le système de santé.

Système de santé

Perçue comme un crime il y a de cela encore quelques décennies, l'homosexualité est encore perçue difficilement par plusieurs aujourd'hui. Les travailleurs du réseau de la santé n'y échappent pas.

«Nous nous sommes aperçus que par crainte de mal agir, les employés restent neutres alors qu'il faut plutôt adopter une attitude positive et d'ouverture pour briser cette crainte», explique Laurent Breault.

Le portrait n'est toutefois pas que sombre et ce dernier se souvient d'avoir entendu des employés d'une résidence parler en positif d'une couple gai.

«Une chance que nous les avons parce que ce serait plate en maudit!», avaient-ils lancé, à la blague.

Une étude européenne a démontré que les deux tiers des 55 ans et plus possèdent une vie sexuelle active. Ne pas parler de cette réalité a des conséquences néfastes comme notamment la transmission de VIH. En 2008, au Québec, 12,4% des nouveaux cas se trouvent chez les gens, hommes et femmes ayant différentes orientations sexuelles, de 55 ans et plus. «C'est l'une des raisons pour lesquelles il faut parler plus de sexualité chez et avec les aînés et bien sûr de prévention», souligne Laurent Breault.

La Fondation Émergence a dévoilé en 2011 la « Charte de bientraitance des personnes aînées homosexuelles »  et  a mis sur pied, en 2013, conjointement avec Gai Écoute et le Ministère de la Famille et des Ainés,  le programme « Pour que vieillir soit gai ». Si une entreprise ou une organisation souhaite recevoir la conférence de Laurent Breault, il est possible de prendre les informations au www.fondationemergence.org

Quelques dates charnières du mouvement LGBT

1969: Bill Omnibux, décriminalisation de l'acte homosexuel entre individus consentants de 21 ans et plus

1969:émeutes de Stonewall (1re affirmation politique)

1977:Introduction dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec

1982:Introduction dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec

1990:retrait de la liste des maladies mentales au sein de l'Organisation mondiale de la santé

1999:adoption de la Loi instituant l’union civile

2005:Le Canada devient le 4e pays au monde à légaliser le mariage entre personnes de même sexe

Un sexagénaire nous parle de son histoire: Découvrir sur le tard son homosexualité