L’enjeu économique numéro un pour le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Karl Blackburn, demeure la pénurie de main-d’œuvre.
Un défi de taille, admet-il, mais pas insurmontable, à la condition que tout le monde y mette l’épaule à la roue.
« Ça fait presque deux ans que des employeurs reportent leurs investissements en raison de l’incertitude économique qui sévit, avec la montée des taux d’intérêt, le coût de la vie, l’inflation et le coût des produits à la hausse. Ça ajoute encore de la pression sur les employeurs et les entreprises », lance-t-il.
Celui-ci rappelle que les indicateurs démographiques démontrent depuis longtemps la tendance à la hausse du vieillissement de la population.
« En 2017, pour le Québec, on parlait d’un besoin de 1,4 million de travailleurs d’ici à 2026. Et la projection révisée fait état d’un besoin de 1,6 million de postes à combler pour la période 2022-2030 », rappelle Karl Blackburn.
La main-d’œuvre provenant de l’étranger, prévient le chef du Conseil du patronat, ne règlera pas tout.
Pistes de solution
Il indique qu’environ 50 % de la main-d’œuvre proviendra des étudiants en formation, 25 % d’une main-d’oeuvre plus éloignée du marché de l’emploi, comme le retour de retraités, et le reste, 23 à 24 %, sera comblé par l’immigration.
« Il faudrait que le Québec accueille entre 80 000 et 85 000 immigrants par année alors qu’on n’a jamais dépassé le seuil de 47 000 nouveaux arrivants ».
Le conseil qu’il préside a défini des pistes de solution pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre, notamment l’immigration, le rehaussement des compétences, la reconnaissance des acquis, l’expertise et la bonification des crédits fiscaux.
« Il faut pousser dans toutes les directions et avec tous les acteurs économiques. Les gouvernements ont posé des gestes, mais ça reste insuffisant. Il faut aller plus loin ».
Avec la pénurie de main-d’œuvre vient aussi la crise du logement.
« Si on veut recruter de la main-d’oeuvre, il faut créer des logements pour héberger nos travailleurs. C’est un problème structurel qu’il faut revoir. On n’aura pas le choix de s’occuper à la fois de recruter des travailleurs et de construire du logement. Les défis ne manquent pas », conclut Karl Blackburn.