Un premier projet de la filière batterie a été annoncé en grande pompe ce matin à La Baie. First Phosphate compte investir 90 M$ pour produire annuellement 10 000 tonnes de phosphate de fer dans les installations de Proco à partir de 2026, ce qui devrait créer une centaine d’emplois.
Ce phosphate de fer est utilisé dans la production de matériau actif de cathode (CAM ) pour les batteries de lithium fer phosphate (LFP ).
L’entreprise a conclu avec Proco un bail de 10 ans et renouvelable pour aménager cette nouvelle usine de taille commerciale dans une grande partie du bâtiment existant sur le chemin Saint-Anicet. Proco, qui a déjà réalisé des projets dans le secteur des batteries, agirait alors à titre d’entrepreneur en construction.
Ce bail est toutefois conditionnel à ce que First Phosphate obtienne le financement nécessaire pour mener à bien ses activités avant le 30 avril 2025. Son directeur général John Passalacqua est confiant d’y parvenir, même si le délai semble court.
« On est en discussions avec plusieurs partenaires pour le financement. On envisage diverses options de financement et de structuration de First Saguenay, y compris des options non dilutives. Ce n’est pas une usine pilote, mais c’est quand même une petite usine. Le financement est donc moindre. On commence en petit et on pense que c’est prudent. »
Le directeur général de First Phosphate affirme que son entreprise a déjà des commandes pour ce phosphate et elle prévoit augmenter graduellement sa production pour répondre à la demande au Canada, aux États-Unis et en Europe. Les fabricants de batteries en ont besoin maintenant selon lui, parce qu’ils ne peuvent plus s’en procurer en Chine.
Gagner du temps
De son côté, le vice-président des Affaires corporatives de l’entreprise, David Dufour, affirme qu’en s’implantant dans les installations de Proco, First Phosphate gagne du temps.
« Nos clients nous pressent et il y a une fenêtre d’opportunité. Éviter de construire un nouveau bâtiment va nous faire sauver deux ans. Ça facilite le déploiement et ça permet un projet assez modeste, même si le montant paraît élevé. Dans le monde des batteries, c’est raisonnable étant donné qu’on a des clients. On va suivre leurs besoins. »
First Phosphate précise que l'installation de Proco est déjà chauffée, équipée d'eau de traitement, de traitement des eaux usées, de gaz naturel, d'électricité à haute tension et desservie par le chemin de fer nord-américain, qui passe directement dans le bâtiment.
L'ensemble de l'installation occupe plus de 305 000 pieds carrés d'espace industriel, dont certaines parties devraient devenir progressivement disponibles pour l'expansion des activités de l’entreprise. Proco dispose aussi de plusieurs hectares de terrains industriels adjacents qui seraient disponibles pour l'expansion des activités de First Phosphate.
Avantages géographiques
Ses dirigeants ont également fait valoir l’avantage géographique de leur choix. Le site est notamment situé à 20 kilomètres du port en eau profonde de Saguenay et à quelques kilomètres de l’aéroport de Bagotville.
Lors de son démarrage, l’usine utilisera du phosphate et du fer de l’extérieur de la région, en attendant qu’une de ses mines du Saguenay soit en production. Si tout va bien, ça devrait être le cas en 2028 selon John Passalacqua.
Plusieurs élus étaient présents lors de l’annonce, dont la députée et ministre Andrée Laforest qui s’est réjouie de ce début de la filière batterie dans la région.
« Il y a longtemps que l'on parle de ce potentiel et on voit, enfin, que les efforts de l'équipe de First Phosphate se manifestent en réalité aujourd'hui et pour des années à venir. La production régionale de l'entreprise aura des répercussions positives chez nous et aussi chez Port Saguenay qui sera un acteur important dans le développement de cette filière. »
Le président du conseil d’administration de Promotion Saguenay, Éric Larouche, estime quant à lui que cette usine constituera le premier maillon de la Vallée de la batterie au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
« Notre objectif est de faciliter la création de cette filière nord-américaine, ici, chez nous : de la mine de phosphate, à la poudre de cathode LFP et, éventuellement, à la batterie LFP elle-même. »
De son côté, le député de Dubuc, François Tremblay, a rappelé les avantages environnementaux de cette industrie.
« Cet engagement de First Phosphate lance un signal clair quant à notre potentiel de positionnement dans l'écosystème de la filière batterie avec une matière première de chez nous et un corridor de navigation international. Notre région de bâtisseurs assumera son rôle dans l'effort global de décarbonation. »