Les feux de forêt qui se multiplient depuis le printemps fragilisent l’industrie et pour Robin Saint-Pierre, qui compte deux entreprises, c’est le pire cauchemar de sa vie d’entrepreneur. S’il ne reçoit pas d’aide gouvernementale rapidement, il craint le pire. Et il n’est pas le seul dans cette situation.
« Je perds environ 180 000 $ chaque semaine parce que les activités en forêt sont interdites avec les feux. Ça dure depuis maintenant cinq semaines, alors faites le calcul », lance le patron d’Excavation Gaétan Girard et de Forestiers SGB de Dolbeau-Mistassini.
Depuis le début de mars, ses entreprises qui emploient une soixantaine de travailleurs sont en arrêt de production. Le printemps, avec la période de dégel, Robin Saint-Pierre en profite pour préparer et réparer la machinerie et planifier la nouvelle saison. Il a investi 1,2 M$ pour être fin prêt pour la reprise des activités qui se fait habituellement en mai. On connaît la suite, les feux historiques qui enflamment les forêts québécoises depuis plusieurs semaines prolongent cet arrêt des activités forestières.
« J’en ai vu des feux de forêt en 35 ans de pratique, mais jamais comme cette année. C’est historique. C’est bien pire que ce qu’on a vécu avec la COVID et ce n’était pas facile. Mais on a eu de l’aide et des programmes de soutien des gouvernements. Il faut que les deux paliers soutiennent l’industrie avec de l’argent neuf, pas des prêts. Et il faut faire vite », lance-t-il.
Une crise sans précédent
D’ailleurs, celui-ci a fait part de ses doléances face à la situation qui sévit auprès de dizaines d’intervenants, dont les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau, mais aussi des élus du comté, de la MRC Maria-Chapdelaine et de la Ville.
« L’arrêt de travail est catastrophique pour notre entreprise autant que pour nos employés. Ce sont des semaines de travail perdues, qui ne se rattraperont pas en cours d’année. Ce sont des revenus en moins que nous n’aurons pas pour couvrir nos frais fixes », écrit-il.
Robin Saint-Pierre est catégorique. « Sans l’aide des gouvernements, on ne passera pas à travers cette crise sans précédent et on risque de perdre une main-d’œuvre compétente. On ne veut pas que les élus soient derrière nous, on veut qu’ils soient en avant pour apporter rapidement une aide concrète. »
Celui-ci ajoute que comme entrepreneur, c’est très difficile. Ses gars ont dû être mis au chômage forcé et si la situation devait se répéter, il craint de perdre sa main-d’œuvre.
« Nous avons affaire à des passionnés de foresterie, mais à un moment donné, ils devront faire entrer l’eau au moulin. Les conditions sont parfois meilleures en chantier civil. Laisser les employés dans le doute ouvre la porte à des offres de compétiteurs, ce qui serait pour nous catastrophique sur le plan du recrutement de personnel, ces travailleurs étant long à former », poursuit Robin Saint-Pierre.
Autre course contre la montre, la récupération du bois brulé qui doit se faire dans les meilleurs délais avant que le longicorne s’en empare et rende le bois inutilisable.