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Hôpital de Dolbeau-Mistassini : le temps de miser sur quelques priorités?

Serge Tremblay
Le 03 mars 2023 — Modifié à 09 h 21 min le 03 mars 2023
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

Les interruptions de service récurrentes à l’hôpital de Dolbeau-Mistassini pour cause de main-d’œuvre exaspèrent bon nombre de gens, tant citoyens qu’élus. Est-il temps de faire une croix sur certains services pour se concentrer sur le maintien de ceux que l’on juge prioritaires?

C’est ce qu’avance Carole Richer, porte-parole du comité consultatif de l’hôpital de Dolbeau-Mistassini. Avec la pénurie de main-d’œuvre sévère dans le milieu de la santé, et plus particulièrement à Dolbeau-Mistassini, cette réflexion devra avoir lieu, croit-elle.

« Ça se parle tranquillement, mais les gens ne sont pas encore prêts à ça. C’est une graine qu’il faut semer afin d’obtenir l’acceptabilité sociale. Il faudra possiblement en arriver là. Si l’on veut garder l’urgence ouverte et si l’on dit qu’il y a une spécialité à laquelle on tient davantage, c’est peut-être là-dessus que l’on devra se concentrer. On devra cesser de vouloir tout conserver et miser sur nos priorités. »

Mais attention, souligne-t-elle, il n'est pas question d'abandonner les services de première ligne qui sont essentiels à la population. L'urgence, l'obstétrique, l'oncologie ou les soins intensifs, qui ont souvent souffert de fermetures temporaires ces dernières années, ne peuvent faire l'objet d'aucuns compromis. La question doit toutefois se poser à d'autres égards, sur des services que l'on souhaiterait obtenir dans un monde idéal, mais qui apparaissent difficiles à orchestrer faute de personnel.

D’autant plus que le contexte de main-d’œuvre qui affecte le milieu de la santé ne fait que commencer. Carole Richer affirme qu’avec les nombreux départs à la retraite qui sont appréhendés dans les prochaines années, le CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean estime en avoir pour une dizaine d’années avant de voir la situation se stabiliser.

« La bonne nouvelle, c’est que le CIUSSS veut vraiment aller vers la décentralisation et ça, ça va donner un bon coup de main. Juste dans les cas de remplacements, quand c’est le CIUSSS qui prend une décision plutôt que l’hôpital, on voit des choses ridicules comme des infirmières qui sont en congé de maladie qui se font appeler pour remplacer. La décentralisation sera le prochain cheval de bataille de Mme Labbé (la PDG du CIUSSS) et on a besoin de ça. »

Beaucoup de services actuellement en place ne tiennent qu'à un fil, rappelle Carole Richer. Il suffit dans certains cas qu'une seule personne soit absente pour causer une interruption de services. On ne peut faire fi de cette réalité dans le contexte actuel, dit-elle, d'où la nécessité de miser sur certaines priorités.

Impossible toutefois de connaître le portrait plus précis des besoins en main-d’œuvre à l’hôpital de Dolbeau-Mistassini. Malgré une demande formulée à cet effet auprès du CIUSSS le 10 janvier dernier, il ne nous a pas été possible d’obtenir une réponse.

Le ton monte?

Chose certaine, les interruptions de service à répétition irritent bon nombre de gens. Le ton aurait d’ailleurs monté dans certaines rencontres impliquant des intervenants du milieu et des représentants du CIUSSS.

Le maire de Dolbeau-Mistassini, André Guy, ne cache pas qu’il a assisté à une rencontre qu’il a qualifiée de « houleuse ». Il est lui-même agacé par les coupures de services ainsi que par la lourdeur administrative qui se fait sentir.

« On avait la possibilité d’avoir recours à des infirmières d’une agence, mais le CIUSSS ne savait pas sur le bureau de qui était ce dossier. Ce n’est pas vrai qu’on va fermer l’urgence de notre hôpital quand on peut avoir accès à des ressources », a-t-il commenté en marge de la plus récente réunion du conseil municipal.

Il a été suggéré de mettre en place une table en matière de main-d’œuvre, mais plusieurs intervenants croient qu’il y a déjà suffisamment de comités.

Quoi qu’il en soit, le maire André Guy croit qu’il faut s’assurer d’avoir le Syndicat des infirmières parmi les interlocuteurs lorsqu’il est question de main-d’œuvre.

« Moi, je crois qu’il faut absolument que le syndicat soit présent, car il va faire partie de la solution. Habituellement, il n’est pas dans nos rencontres, mais je crois que c’est crucial si on veut avoir des solutions à long terme. »

 

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