J’aime Noël à 90 %. Dans le 10 % restant, y’a les microbes, les fruits confits et les commentaires de mon’oncle.
C’est ben de valeur, mais tous les propos entre deux bouchées de tourtière ne s’équivalent pas.
Les grands débats initiés par un mon’oncle random que je rencontre une fois tous les deux ans, ça me gosse. Pour m’aider à survivre aux déclarations tantôt vides, tantôt dérangeantes, j’ai organisé leur classement en trois catégories, et la stratégie pour m’en sauver habilement dans chacune d’elle.
Il y a d’abord les commentaires feu vert. All in avec ceux-là, et Noël ne serait pas le même sans leur existence. Je parle des jokes recyclées qu’on entend à chaque rassemblement familial, livrées avec le même enthousiasme que si elles venaient d’être inventées sur-le-champ. « Y’est ben midi à quelque part dans l’monde ». Ou encore, « Le dessert, ça aide à digérer ! » Ma pref : « j’mange pas ça, d’la salade. Ça fait engraisser. T’as- tu remarqué qu’y a rien que les gros qui en mangent ? » rigole systématiquement un de mes proches plus que bien-portant lui-même, et qui se reconnaîtra surement en lisant ceci. Allo.
C’est inoffensif. Réjouissant même, surtout quand les blagues sont ponctuées d’un rire qui sile. C’est banal comme parler de la température. (De température, pas des changements climatiques, on s’entend.) Face à ça, y’a pas grand-chose à faire à part sourire, croquer dans une tite soucisse et renchérir avec une équivalence comme : « hahaha j’m’en vais remplir mon p’tit drink de femme » en riant/silant.
Ensuite, on a les commentaires feu jaune. Là, les petits malaises commencent à apparaître.
« Pis, quand est-ce que tu nous présentes une tite blonde ? » Ou sa version plus intrusive : « As-tu pensé à avoir des enfants, toi ? » Rien de méchant en surface, mais comme on n’a aucune idée de la vie intime et émotionnelle de la personne à qui on pose la question, se garder une petite gêne est de mise. « Je préfère garder ça pour moi » est une réponse appropriée, et une leçon rapide sur le respect des limites de chacun.
Finalement, ben y’a les red flags. Les commentaires qui te font t’étouffer avec ta bûche et qui ont le potentiel de faire éclater la bisbille. « J’pas raciste, mais… » Ou le fameux : « On peut pu rien dire aujourd’hui. » Celui qui m’inquiète le plus : « Les médias en parlent pas, mais… » Ces débuts de phrases-là se digèrent aussi mal qu’un pain sandwich au cheez whiz.. « Désolé, je n’embarque pas dans cette discussion. » Je ferme la porte, systématiquement. Parce que s’obstiner avec la parenté éloignée, c’est aussi inutile que débattre sur Facebook.
Donc riez, mangez trop et créez- vous plein de souvenirs. N’acceptez pas de normaliser l’inconfort, quel qu’il soit. Et si jamais la chicane pogne, ce sage conseil de ma grand- mère mais qu’elle ne suivait pas tant : le plus intelligent est celui qui arrête en premier. Joyeuses fêtes !