La question est revenue dans l’actualité il y a quelques jours, alors qu’une pétition s’est mise à circuler sur les réseaux sociaux. Est-il temps, à Dolbeau-Mistassini, d’honorer, d’une quelconque façon, le chanteur et producteur Mario Pelchat? Le nouveau maire Rémi Rousseau a manqué une belle occasion de se distinguer, ne voulant pas déroger à la politique indiquant qu’il faille attendre le décès d’une personnalité avant de lui rendre hommage.
Pourtant, dans les meilleures décisions prises par les élus de la Ville d’Alma ces dernières années, sont celles d’avoir nommé la salle de spectacle du nom de Michel Côté, et ce de son vivant, d’avoir nommé le centre communautaire de Saint-Cœur-de-Marie du nom de Michel-Marc Bouchard, qui est toujours actif, et d’avoir rebaptisé le CREPS du nom de Mario Tremblay. La réflexion me semble simple et logique : pensez-vous qu’une personnalité est en mesure d’apprécier un hommage posthume alors qu’elle n’est plus de monde?
La municipalité de Normandin a récemment honoré Dédé Fortin, dont une sculpture, à son effigie, trône dorénavant au cœur de sa ville natale. C’est très bien. Mais je me dis que Mario a autant de mérite que Dédé. Une carrière de plus de 40 ans, une quinzaine d’albums, des comédies musicales, des dizaines de duos, des albums hommage, mais d’abord et avant tout un talent indéniable et une voix à fendre le crystal. Ses admiratrices sont au rendez-vous depuis le début, sa « fan base » le suit fidèlement depuis 4 décennies.
Depuis son adolescence, Mario est un ambassadeur pour sa ville et sa région, multipliant ses implications, ne ménageant ni temps ni argent pour s’associer à des causes locales. Il est grand temps à Dolbeau-Mistassini que les citoyens trouvent une façon de lui dire merci. À 61 ans, Mario Pelchat n’est pas à bout d’âge, mais pourquoi attendre plus longtemps pour le célébrer ? J’ai effectué une recherche rapide liée aux critères qu’une municipalité doit considérer pour honorer un artiste local. On parle de son ancrage territorial, de la reconnaissance de ses pairs et de sa consécration, de l’originalité de son œuvre, de son professionnalisme et de son authenticité. À mon avis, Mario Pelchat coche toutes les cases. À cela on peut rajouter son travail de producteur, le faisant ainsi contribuer au succès d’autres artistes, et son récent rôle de mentor à La Voix. Pas de doute, Mario fait rayonner Dolbeau-Mistassini et toute la région, partout au Québec. Le gouvernement du Québec lui a même décerné la Médaille de l’Assemblée nationale pour souligner sa carrière. Et rien encore chez nous ?
Et quel registre vocal. Puissant. Il fait dans le triste, avec des pièces qui tirent les larmes : Pleurs dans la pluie, Je n’t’aime plus, L’enfant que je n’ai pas. Il fait dans la joie et dans l’espoir : Quand on y croit, Ailleurs, Voyager sans toi. Dans l’engagement : Les cèdres du Liban. Dans l’hommage aux aînés : Le Semeur. Au-delà de tout, ce qui moi me fascine, c’est sa formidable capacité à nous faire ressentir l’émotion. Il y a 25 ans, j’étais dans les premières rangées pour le spectacle Notre-Dame-de-Paris alors que Mario y incarnait Quasimodo, le bossu. Son interprétation m’avait jeté à terre. J’étais bouleversé, sonné, ému. Ça ne m’arrive vraiment pas souvent. J’ai interviewé quelques fois Mario Pelchat, il fut toujours disponible, généreux et sincère. Il est étonnant que rien n’y fasse référence lorsqu’on arpente les rues de Dolbeau. Il est grand temps d’y voir.