Je ne sais pas exactement quand mon amour du papier est né, ce papier qui est toujours présent en trame de fond de mes plus beaux souvenirs.
Est-ce ma naissance sous les latitudes boréales qui m’a donné cette sensibilité à la forêt et par extension au bois, au carton, au papier?
Mon enfance a été bercée par l’odeur des usines de pâtes et papier. Mes deux parents y travaillaient, et j’attendais avec impatience les congés scolaires pour accompagner ma mère à son bureau et m’y faire photocopier la face pendant tout un avant-midi.
J’y buvais des petits verres d’eau dans les verres en papier en forme de cônes. J’y confectionnais des confettis avec un poinçon. J’y ai appris à découper des flocons, des ribambelles, et à plier ces fameux coin-coins, cet origami de base où on faisait choisir aux gens leurs chiffres, flip flap flip flap. (Et se trouver ben drôle pour avoir écrit «tu pues» sous la moitié des rabats).
L’intolérance au papier s’accroit à mesure que la société se numérise. Pourtant, l’utilisation du papier n’est pas un problème ! Issu d’une ressource durable, renouvelable… Je ne peux pas croire que je doive en 2023 défendre le papier!
Tous les papiers ! Une lettre manuscrite ne revêt-elle pas un romantisme infiniment supérieur à un courriel?
Un livre ! Un bon vieux bouquin dont on feuillette les pages. C’est presque sensuel quand on y pense. La texture de la feuille. Le bruit de la page qui se tourne.
L’aménagement de la forêt est un allié de taille dans la lutte contre les changements climatiques. Sans entrer dans les détails, les jeunes arbres ont une capacité plus élevée à absorber le CO2 par photosynthèse, contrairement aux arbres matures dont le taux de séquestration ralentit.
On aide à la régénération des forêts en pratiquant des coupes sélectives, responsables et durables.
C’est également une industrie créatrice d’emplois, et de richesse. La prospérité d’une région comme la nôtre repose sur ce moteur économique. Valorisons-le, soyons-en fiers!
Revenons-en au papier. Il n’est pas un simple matériau. C’est un vecteur de communication, d’éducation, d’expression artistique, de souvenirs et, je vous le donne en mille : d’information!
La semaine dernière, la fin du Publisac a été annoncée. La croisade amorcée par la mairesse de Montréal Valérie Plante s’est propagée partout au Québec, de sorte que le modèle de distribution sur lequel plusieurs journaux locaux de la province se sont appuyés depuis de nombreuses années prendra fin en 2024.
Je suis amère. J’ai l’impression que l’ignorance a gagné. On a le devoir de redonner ses lettres de noblesses aux industries forestières, papetières.
Nous sommes une région au potentiel forestier infini, défendons-le fièrement. En ce qui concerne votre journal, soyez sans crainte. On aime le papier et il va rester.
Chaque semaine, un membre de l’équipe de Trium Médias prend parole sur un sujet de son choix, c’est La Jasette de la gazette.