Dimanche, 08 décembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 2 min 11 s

La menace universitaire

Le 21 novembre 2024 — Modifié à 08 h 00 min le 21 novembre 2024
Par Mark Dickey

La NCAA, réseau universitaire des sports américains, acceptera dès la saison prochaine les joueurs issus des ligues juniors canadiennes dont fait partie la LHJMQ. L’ancienne réglementation stipulait que dès qu’un joueur demeurait plus de 48 heures dans un camp junior majeur, il devenait automatique inéligible à jouer NCAA et perdait sa bourse. Allons-y d’un exemple pour rendre ça clair et limpide. Imaginons un jeune de 16 ans qui s’appelle Xavier Tremblay. C’est un très bon joueur dans le M18 et un étudiant modèle. Déjà, des universités comme Boston College, North Dakota et Michigan State s’intéressent à lui. Il reçoit finalement une offre de Harvard avec le « full ride scholarship » En français, ça signifie que les études et le logis sont entièrement payés par l’établissement scolaire. Le système scolaire n’étant pas le même qu’ici au Québec, Xavier ne peut accéder à l’université à 16 ans. Avec l’ancienne réglementation, celui-ci pouvait passer une saison de plus dans le M18 pour ensuite aller dans l’ouest du pays ou aux États-Unis dans une ligue junior inférieure (USHL) avec l’objectif d’avoir ses équivalences et accéder à l’université à 18 ou 19 ans. Maintenant, Xavier pourrait passer chez les Saguenéens de Chicoutimi, jouer 2 ou 3 saisons puis rentrer à l’université comme si de rien n’était. Dans ce scénario, le hockeyeur et l’université sont les grands gagnants. Xavier va se présenter avec une expérience beaucoup plus pertinente, ayant évolué dans un circuit largement supérieur au junior A. Toutefois, pour les Sags, est-ce un gain ?

Je suis très mitigé face à ce règlement. Si Xavier quitte les Sags à 18 ans, nous n’aurons pas droit à ses meilleures années de hockey junior. Les fans devront se faire à l’idée de perdre un joueur important au profit de la NCAA, pas pour la ligue nationale ! Voici un autre effet pervers de ce règlement. Supposons qu’un joueur qui n’a jamais eu le désir d’aller chez nos voisins du sud et, déçu de ne pas être repêché par une équipe de la LNH décide de quitter l’équipe à 19 ans pour aller étudier dans un campus américain. Rien ne l’en empêche. Les gens positifs peuvent se dire que ce sera à l’organisation de séduire le jeune et de lui enlever le goût d’aller vers le sud. Ce n’est pas impossible, mais je vous invite à visiter le site Web de l’université de Michigan State. L’aréna est superbe, la salle d’entraînement des joueurs est plus grosse que tous les gyms de la région réunis et y doit y avoir une dizaine de spas. Ai-je besoin de vous rappeler l’état du centre Vézina ?

Avant de paniquer, il est important de se rappeler que c’est loin d’être la majorité des joueurs qui veulent s’exiler au pays de Trump. Être un étudiant d’élite n’est pas donné à tous. Performer à l’école en anglais, à des heures de la maison, dans une culture légèrement différente, c’est une lourde commande pour un jeune de 17 ans. J’ai bien hâte de voir la suite. Une chose est certaine, les équipes de la LHJMQ devront prendre leur aplomb et faire leurs devoirs.

Une chimie d’équipe, c’est fragile !

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