Voici le genre de discussion qu’on entend souvent entre amis, entre collègues, ou lors d’un souper familial : « J’ai plus rien à regarder, t’as une bonne série à me recommander ? Oui ! Bien sûr ! Je viens d’en terminer une excellente sur … ».
Et c’est là que ça se complique. Après le « sur… » viendra le nom d’une variété de fournisseurs; Netflix, Apple, Prime, Crave, Disney. En 2024, pour ne rien rater, pour être dans le coup, il faut multiplier les abonnements donnant accès aux plates-formes de diffusion en ligne dont le nombre a bondi depuis 5 ans.
Dans ma tendre enfance, il n’y avait que 3 chaînes de télé, Radio-Canada, Télé-Métropole et Radio-Québec. Le choix était plutôt restreint. Pas étonnant qu’on passait notre temps à jouer dehors et à faire du sport, mais aussi à dévorer les livres de la bibliothèque de l’école. Heureusement, celle du Séminaire de Métabetchouan était assez bien garnie.
Bref, toutes ces nouvelles plates-formes à la mode ont quelque chose en commun, elles passent toutes par le Web, si bien que la facture pour le Net a gonflé de manière exponentielle depuis 10 ans. Pire, à peu près tous les départements gouvernementaux et les institutions financières exigent qu’on passe maintenant par le Web pour obtenir des services.
Ne vous demandez pas pourquoi Desjardins retire un à un ses guichets automatiques des petites localités. Elle n’est pas la seule. Adaptez-vous et adressez-vous à nous en ligne, point final.
Évidemment, il n’est pas obligatoire d’avoir toutes les plates-formes de streaming pour être heureux dans la vie, mais même sans elles, la facture du Web est devenue très salée pour toute une tranche de la société. Rajoutez à cela la facture de cellulaire et vous êtes dans les 200 dollars par mois. Bien des personnes n’en ont tout simplement pas les moyens.
Il y a quelques jours, des représentants d’organismes communautaires se sont pointés au bureau du député bloquiste de Lac-Saint-Jean Alexis Brunelle- Duceppe pour dénoncer les coûts de télécommunications trop élevés pour les plus démunis. Ces gens-là souhaitent un meilleur encadrement gouvernemental de la tarification des télécommunications. Présent à cette rencontre, André Fortin, directeur du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec, y a été de cette déclaration : « On voudrait que ça soit reconnu comme un service public et que ce soit encadré pour que les prix soient raisonnables dans un contexte comme aujourd’hui, où tout est cher ».
Le pire, selon lui, ce sont les personnes qui n’ont d’autre choix que de couper ailleurs pour s’offrir le Web, alors qu’ils n’ont plus rien à couper. Il leur reste leur logement et leur nourriture. Dans les deux cas, ils n’ont d’autre choix que de s’acquitter de leurs factures.
Ces revendications sont donc plus que légitimes. Le temps est venu de se pencher sur des solutions pour aider celles et ceux qui peine à sortir la tête de l’eau. Il y a certes des solutions à développer. Je pense à un partage des frais pour le Web pour un groupe, un peu comme cela se fait actuellement dans certains blocs à logements. Des locataires se partagent le forfait ayant la plus puissante bande passante, assez forte en GO pour alimenter quelques familles. Cela pourrait être aussi un accès gratuit dans un local d’un bureau gouvernemental comme ceux accueillant l’assurance-emploi.
À la lumière de ce qui se passe depuis quelques années, les frais pour le Web ne seront pas à la baisse, ni bientôt, ni malheureusement jamais. Considérant que les Québécois paient aussi leurs forfaits Web et cellulaire bien au-dessus de la moyenne américaine et européenne, il est grand temps qu’on s’en occupe.