Actualités

Temps de lecture : 2 min 26 s

Fabien Savard cueille les trésors de la forêt boréale

Serge Tremblay
Le 04 octobre 2019 — Modifié à 12 h 56 min le 04 octobre 2019
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

Il y a de ces gens qui font des choses qui sortent de l’ordinaire. Fabien Savard, de Sainte-Élisabeth-de-Proulx, est un cueilleur d’épices et de champignons de la forêt boréale à temps plein. Une espèce de coureur des bois des temps modernes.

« Je cueille 10 mois par année. Dans ce milieu, tu n’as pas le choix, car il faut absolument faire du volume si tu veux en tirer du rendement. C’est de longues journées où tu marches beaucoup. Physiquement, c’est très difficile, mais tu es en forêt, dans la tranquillité », explique Fabien Savard, qui exploite sa petite entreprise sous le nom Forêt boréale.

Myrique baumier, poivre des dunes, thé des bois, chanterelles en tube, pied-de-mouton, Fabien Savard cueille au-delà d’une quarantaine de produits forestiers non ligneux (PFNL) différents.

« Pendant une dizaine d’années, j’ai exploré le territoire pour trouver mes talles. Aujourd’hui je sais exactement où je vais et je peux cueillir beaucoup de volume. »

Traitement

Se rendre en forêt pour aller y cueillir différents produits a certainement un petit cachet qui a de quoi rendre le travail attirant au néophyte. C’est toutefois sans compter les innombrables heures de traitement de produits en arrière-plan.

« Cueillir c’est tout un marathon en soi, mais pour faire un kilo de PFNL, on parle d’environ 10 à 15 heures de traitement. Il faut que je nettoie et que je trime le produit, c’est beaucoup de temps. »

Comme la cueillette est un monde qui est à la merci de la météo, les jours de pluie sont consacrés au traitement. Il en va de même pour les deux mois de l’année où Fabien Savard cesse de cueillir, soit décembre et janvier.

Grossiste

Les produits traités sont vendus à un grossiste de Montréal, qui approvisionne ensuite différents clients. Certains produits se retrouvent même en Europe, affirme Fabien Savard.

« Actuellement, il y a de la demande, car la cuisine sauvage est à la mode, mais les prix ne sont pas très bons. Le kilo devrait se vendre plus ou moins 125 $, mais j’obtiens autour de 60 $. Je n’ai pas des visées économiques très élevées, alors ça va, mais j’ai hâte que ça monte! »

Localement, il n’y a à peu près pas de marché pour ce type de produits, soutient Fabien Savard. Ou alors il faut mettre des efforts notables pour se faire connaître et développer des marchés.

Du poivre des dunes.

Un marché en croissance mais pas de relève

La demande pour les produits forestiers non ligneux (PFNL) est forte et la croissance est au rendez-vous.

« Il y a une énorme croissance et seulement 20 % de la demande est répondue. L’enjeu est d’y répondre sans avoir recours aux produits d’importation, car on n’a pas la capacité de s’assurer qu’on a bien les produits que l’on demande. Par exemple, on peut retrouver des champignons non sauvages qui sont étiquetés comme tels », explique Sam Chaïb Draa, coordonnateur de l’Association pour la commercialisation des PFNL.

Le marché aurait aussi avantage à être mieux encadré, affirme-t-il, avec une meilleure traçabilité des produits.

Comme les cueilleurs demeurent une denrée rare, il n’est pas simple de répondre à la demande. Là comme ailleurs, la main-d’œuvre est difficile à trouver et les jeunes sont peu interpellés par la cueillette.

« La plupart des cueilleurs ont un certain âge et c’est sans compter la difficulté du travail et le fait qu’il faut parfois se rendre dans des endroits peu accessibles. Il ya  aussi une question générationnelle, les jeunes sont davantage interpellés par la création de petites entreprises où ils transforment eux-mêmes pour avoir de la valeur ajoutée. »

Abonnez-vous à nos infolettres

CONSULTEZ NOS ARCHIVES