Chroniques

Temps de lecture : 2 min 54 s

Célibataires, matures, indépendantes, heureuses, mais…

Le 25 avril 2024 — Modifié à 08 h 00 min le 25 avril 2024
Par Roger Lemay

C’est une TikTokeuse de Montréal qui m’a donné l’idée de cette chronique. Une belle dame de 60 ans, bien habillée, mince et blonde, se disant indépendante financièrement, bien dans sa peau, ayant de nombreux intérêts, mais déplorant le manque d’hommes disponibles ayant « de l’allure ».

Elle employait même le terme fléau pour décrire la situation. Je me suis dit que si une dame comme ça ne trouvait de compagnon à Montréal, ça devait être pire ici non ? J’ai donc décidé de poster un message sur mon mur Facebook : Recherche femme, autonome, 55 +, bien dans sa peau, en précisant (bien entendu) que ce n’était pas pour moi, mais bien pour un sujet de chronique...

Ça n’a pas pris 10 minutes pour obtenir une réponse. J’ai donc donné rendez-vous à ma répondante, qui m’a même gentiment offert d’inviter deux de ses amies, vivant la même situation. « C’est vrai qu’un bon nombre ne l’admettront pas, se disant pleinement heureuses et comblées, mais il reste presque toujours un petit espoir enfoui quelque part pour trouver de nouveau l’amour », me confie celle que nous nommerons Sophie, d’Alma, la belle soixantaine, souriante, respirant la santé. Jumelé neuf, intérieur impeccable décoré avec goût, piscine, campeur de 100 000 dollars dans le stationnement.

Financièrement à l’aise, Sophie carbure à l’action et aux expériences. Je lui demande si une telle image de réussite peut faire peur à un homme. « Je me suis déjà fait dire que j’étais inaccessible, pourtant, si la chimie est là, je peux m’adapter à bien des types d’hommes. Mais on dirait qu’il n’y en a tout simplement pas… »

Et les chiffres tendent en partie à expliquer ses difficultés à rencontrer de nouveau l’âme soeur. Au Québec la proportion des femmes de 55 ans et plus se disant « célibataires et à la recherche d’un conjoint », est de 30%, mais le chiffre tombe à 20 % chez les hommes. Comme si ces derniers avaient quelque peu lancé la serviette. Ou étaient devenus un peu paresseux.

« La région est bien trop petite ! » renchérit Line, 60 ans, de St-Gédéon, veuve depuis 20 ans, ayant connu deux épisodes amoureux depuis ce temps, mais aujourd’hui de nouveau seule. Elle envisage d’étendre ses recherches vers la région de Québec et se dit ouverte à une relation à distance. « Quand je regarde les photos de profil des hommes sur Facebook Rencontre, il y a ceux posant sur leur moto, ou avec leur tête d’orignal ou avec leurs truites. Ce n’est pas très attirant. »

La troisième du groupe, Josée, 60 ans, se qualifie elle-même de « lover », une amoureuse de l’amour. C’est la plus rêveuse du groupe et elle n’exclut aucune option. « J’avoue que je tombe en amour rapidement, mais l’âge a ses avantages. Les profiteurs, les manipulateurs, les contrôleurs, on les voit venir de loin. Pour l’instant, j’attends que l’amour me trouve. »

Si les trois amies admettent qu’elles pourraient rester célibataires, elles prennent les moyens pour ne pas vieillir seules. « Nous organisons des rencontres d’amies, des partys piscine ici pour les femmes comme nous. Et nous trois partageons un chalet dans le bois pour combler notre besoin de se retrouver dans la nature. C’est notre plan B. Vieillir accompagnées, ça ne veut plus nécessairement dire vieillir avec un homme » dit Sophie, qui se prépare à prendre la route au volant de son campeur. « Je viens d’intégrer un groupe de célibataires en VR, on ne sait jamais »

En 2024, les femmes de cette tranche d’âge se concentrent sur leur épanouissement personnel, qui ne passe pas par la recherche frénétique d’un homme. Après une carrière de 3 ou 4 décennies, elles se consacrent à des activités artistiques ou créatives, à des voyages, ou à d’autres intérêts qui les passionnent.

Ces femmes ont souvent développé un fort sens de l’indépendance. Elles sont capables de prendre leurs propres décisions et de gérer leur vie sans dépendre d’un partenaire. Et puis, il y a le cercle familial, les enfants, petits-enfants. Malgré tout, le plus souvent, concernant la venue éventuelle d’un autre (et peut-être dernier) compagnon, la porte n’est souvent pas tout à fait fermée.

Alors Messieurs, à vous de jouer.

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