Économie

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Brèche dans la gestion de l'offre : « C’est pire que le pire scénario que j’imaginais! »

Le 11 octobre 2018 — Modifié à 13 h 53 min le 11 octobre 2018
Par Karine Desrosiers

Le nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) placera plusieurs fermes laitières dans une position précaire, affirme Michel Frigon de la Ferme des Fleurs d’Albanel, vice-président régional des Producteurs de lait du Québec.

« De la façon dont Trudeau se comportait, ça me paraissait évident qu’il allait ouvrir une autre brèche dans la gestion de l’offre. Je m’attendais à un autre 3 ou 4 %, mais ce que l’on a eu, c’est pire que le pire scénario que j’imaginais! »

Le nouvel accord prévoit qu’une part de marché de 3,59 % sera cédée aux Américains.  Là où le bât blesse le plus, cependant, c’est en ce qui concerne l’abolition de la classe 7 et la diminution du volume de poudre de lait qui pourra être exporté.

Classe 7

La classe 7 a été créée dans le but de contrer l’importation au Canada du lait diafiltré américain par les grands transformateurs. Ce type de lait est utilisé dans la fabrication de différents produits par des procédés industriels.

Essentiellement, il s’agissait d’une façon pour les producteurs canadiens d’offrir un prix plus avantageux aux transformateurs et d’ainsi récupérer les parts de marchés qu’ils avaient perdus au profit du lait diafiltré.

« L’abolition de classe 7 rend caduque notre entente. C’est une entente privée entre nous et les transformateurs. C’est comme si on n’avait plus le droit de s’entendre avec nos transformateurs. C’est une intrusion dans la politique laitière du Canada et ça, c’est dangereux. »

Poudre de lait

L’autre coup dur, c’est le sort réservé à la poudre de lait. En fabricant du beurre, les producteurs laitiers obtiennent un lait écrémé qui est généralement transformé en poudre.

« On exportait environ 75 000 tonnes de poudre. On est un petit joueur, ce sont des grenailles sur le marché, mais on sera maintenant contraint à 35 000 tonnes maximum. À ce compte-là, ce ne sera même plus intéressant de faire du beurre.»

Les surplus devront vraisemblablement être écoulés en nourriture pour les animaux, ce qui a peu de valeur pour les producteurs.

Précarité

En incluant les précédentes brèches dans la gestion de l’offre, le marché perdu est de l’ordre de 8 à 9 %, explique Michel Frigon.

« C’est l’équivalent de 27 à 28 jours de production perdus. Pour une ferme comme la mienne, ça représente environ 70 000 $. Ce n’est pas parce que tu perds 8 ou 9 % de marché que tu perds 8 ou 9 % de tes fermes. À mon sens, c’est plus de l’ordre de 50 à 75 % des fermes qui vont se retrouver dans une situation de précarité. »

 

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