Vendredi, 19 avril 2024

Chroniques

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La décentralisation et les Innus

Le 24 avril 2023 — Modifié à 08 h 57 min le 24 avril 2023
Par Mélyna Girard

Chronique

Longtemps appelés les Indiens, puis les autochtones, les Innus sont au Saguenay–Lac-Saint-Jean depuis plusieurs milliers d’années. Ils ont vécu en harmonie avec le territoire jusqu’à l’arrivée de l’industrie forestière qui a tout chamboulé pour eux. Puis est venue, la Loi sur les Indiens, dont le nom initial était « L’Acte des Sauvages », promulguée en 1876 par le gouvernement fédéral.

Cette loi, qui visait l’assimilation et la disparition pure et simple de différentes nations autochtones, sera amendée à plusieurs reprises par la suite. Elle a eu comme conséquences d’engendrer plusieurs générations de traumatismes, de violations des droits de la personne et de perturbations sociales et culturelles chez les peuples autochtones.

Par cette loi, on vise à enlever tous les droits aux Premières Nations qui ont habité notre territoire. On les dépossède de tous leurs territoires et on les « parque » sur de minuscules terrains que l’on nomme des réserves et qui s’apparentent davantage à un timbre-poste qu’à un territoire. De « propriétaires collectifs » d’un territoire, ils furent dépossédés de tout, sans aucune négociation ni même consultation. Pour s’assurer du maintien de leur situation de sans droit,  on nomme alors, un agent « blanc » du gouvernement, qui aura droit de vie ou de mort sur les réserves.

Toute une série d’interdits est alors mise en place : interdis les cérémonies religieuses, les rassemblements culturels, les fêtes, la danse, la propriété du terrain sur laquelle ils ont des maisons, etc. À cela, il faut ajouter l’obligation des enfants de demeurer dans des pensionnats loin de leurs parents, où souvent ils seront maltraités. On doit également ajouter la perte de leur statut d’Indiens, s’ils obtiennent un diplôme universitaire ou s’ils veulent tout simplement voter aux élections fédérales. Enfin, il faut rappeler que Pierre-Eliott Trudeau et son ministre des Affaires autochtones, Jean Chrétien, ont déposé en 1969 un livre blanc connu sous le nom de : « La politique indienne du gouvernement du Canada » dont l’objectif était d’éliminer complètement le concept de « statut d’indien » et même de faire disparaître le ministère des Affaires indiennes. Ce livre « blanc » a soulevé la colère et l’indignation à la grandeur du Canada chez l’ensemble des Premières Nations et le tandem Trudeau-Chrétien a dû rapidement abandonner son projet. Il est quand même assez « spécial » de constater que c’est le même Pierre-Eliott Trudeau qui, un peu plus tard, nous imposera sa « Charte canadienne des droits et libertés ».

Et, lorsque je pense à Trudeau fils qui a promulgué la Journée nationale des peuples autochtones, tout en « oubliant » d’y prendre part et en mentant à plusieurs reprises sur ses supposées occupations, je pense à ma mère qui disait : « un lièvre n’élève pas des lapins ». Lorsque je vois, qu’il n’hésite jamais à afficher une grande sensibilité à la protection de toutes les cultures, à l’exception de la culture québécoise, on peut conclure que tant chez le père que le fils, que c’est génétique de faire la promotion de la maxime : « Ne faites pas ce que je fais, faites ce que je dis ».

J’en conclus que là comme ailleurs, ce n’est pas le gouvernement fédéral ni Justin Trudeau, qui vont nous aider à nous rapprocher de notre communauté innue de Mashteuiatsh. Si je voulais être sarcastique, je dirais qu’on pourrait peut-être confier un mandat de plusieurs millions à la firme McKinsey dont le rapport devrait nous être déposé au plus tard en 2100.

C’est à nous de continuer de développer un partenariat qui est déjà amorcé, notamment par le biais de la Société de l’énergie communautaire du Lac-Saint-Jean. Il nous faudra également établir un partage des redevances sur les ressources naturelles et les intégrer dans notre futur gouvernement régional. Nous aurons aussi besoin de développer un mécanisme politique régional de résolution de conflits sur la gestion du territoire, afin d’éviter de lourds et coûteux dossiers qui pourraient aboutir devant la justice.

Enfin, dans la mesure du possible, nous devrons retrouver les appellations d’origine de notre territoire, comme on l’a fait avec Saint-Jérôme qui est redevenu Métabetchouan. Peut-être qu’un jour on dira avec fierté: Je suis un gars ou une fille du lac Pekuakami!

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