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Série chasseurs d'histoire: Yannick Gagnon, photographe

Le 02 avril 2019 — Modifié à 07 h 00 min le 02 avril 2019
Par Christian Tremblay

Depuis le début de cette chronique historique régionale il y a maintenant plus d'un an, nous avons exploré plusieurs recoins de notre histoire. S’il en reste encore beaucoup à faire, nous allons, à compter de maintenant et de façon ponctuelle, continuer de parler histoire, mais au présent!

Notre histoire nous est souvent présentée à l'écrit. Cette chronique en est la démonstration, mais il y a aussi des centaines, même des milliers de livres, textes, études, analyses, et j'en passe! Si l'histoire par l'écrit est nécessaire et appréciée, il n'y a pas que cette manière de la diffuser.

C'est dans cet esprit qu'au fil des prochains mois les textes que vous êtes maintenant habitués de lire seront parfois entrecoupés par les autres façons de diffuser, vivre, et apprécier notre belle histoire.

Cette petite série, nommée chasseurs d'histoire (ou chasseuses selon le cas), mettra de l'avant une personne passionnée qui, dans son domaine à elle, participe également à faire connaître notre passé. Ces gens seront parfois des professionnels, mais aussi, et peut-être même surtout, des personnes qui font cela ça uniquement pour le plaisir de la chose.

Cette semaine, notre premier invité pour cette série sera un photographe. Mais attention! Pas n'importe lequel photographe. Ce chasseur d'histoire est en fait un chasseur de lieux abandonnés de la région, du Québec, et même de l'Ontario.

Son nom: Yannick Gagnon, originaire d'Arvida.

Yannick Gagnon pratique la photographie urbex. Qu'est-ce que ce type de photographie? En voici une définition:

« L’exploration urbaine, abrégé urbex (de l'anglais urban exploration), est une activité consistant à visiter des lieux construits et abandonnés par l'homme, mais cette pratique inclut également la visite de lieux interdits, cachés ou difficiles d'accès. »

Les sujets

Déjà au départ, les mots lieux abandonnés suscitent de la curiosité. On ne sait trop pourquoi, le fait de se retrouver dans un lieu à l'abandon depuis longtemps réveille immédiatement en nous un instinct de chasseur de trésor, que ce soit rationnel ou pas!

C'est donc à cette chasse que Yannick Gagnon se livre depuis toujours, mais plus sérieusement depuis quatre ans comme photographe professionnel.

Que ce soit une maison à l'abandon, un vieux chalet, une ancienne usine ou les vestiges d'une institution autrefois fleurissante, Yannick Gagnon saisira l'occasion d'y faire des clichés et d'immortaliser l'endroit avec un style bien à lui.

C'est sa façon à lui de faire de l'histoire, et comme vous le verrez dans les quelques photographies présentées dans cette chronique, il réussit à merveille à faire revivre ces endroits lugubres de prime abord.

Une pièce n'est pas qu'une pièce

D'un point de vue historique, une pièce dans une maison ou une vieille salle de classe ne sont pas statiques. Elles ont une âme, un vécu. À l'intérieur de ces murs, des gens, des émotions, des histoires, des événements, heureux ou pas.

Dans sa démarche, Yannick Gagnon veut « figer le temps » , selon sa propre expression. C'est d'ailleurs ce qui mène sa passion. Figer le temps, c'est aussi faire ressortir l'esprit du lieu, ou si vous préférez, capter son âme à un moment précis de son histoire.

Parfois en faire un lieu artistique

La photographie est un art, tout le monde le sait. Yannick Gagnon utilise parfois ces lieux comme décors, et donne une tout autre dimension à ladite pièce. C'est ainsi que l'histoire de l'endroit se retrouve soudainement à côtoyer un présent déstabilisant.

 

Modèle sur la photographie: Sazou Rock

 

 

Modèle sur la photographie: Sandra Painchaud

 

Comment trouver un lieu intéressant

Pas le choix, comme tout ce qui touche à l'histoire, il faut faire des recherches. Yannick Gagnon est toujours à l'affut de nouveaux lieux à explorer. Il fait du repérage en se promenant un peu partout, mais aussi il creuse les journaux et Internet. Grâce à un réseau de contacts de gens qui font la même chose que lui, il se fait référer des endroits qui ont un potentiel intéressant.

C'est un travail de longue haleine et de patience.

Il le dit lui-même, le résultat de ses explorations n'est jamais garantie. Même s'il trouve un endroit intéressant, il est possible qu'il lui soit impossible d'y entrer. Il doit d'avance se prévoir des plans de rechanges.

Garder les endroits secrets

Yannick Gagnon ne dévoile que rarement l'emplacement exact des endroits qu'il visite. Cela pourrait paraître surprenant, puisque comme nous parlons d'histoire, nous pourrions croire qu'au contraire, ces lieux méritent d'être connus. Si cette affirmation n'est pas totalement fausse, Gagnon doit considérer la nature de l'endroit, c'est-à-dire, qu'il est abandonné, donc laissé à lui-même.

C'est justement ce manque de protection et de surveillance que le photographe veut protéger au meilleur de ses possibilités. Voici comment il explique sa position face à ce dilemme:

« Les lieux sont gardés secrets pour préserver leur intégrité. Je m'explique: quand un endroit comme ça est divulgué, il n'y a pas seulement de bonnes personnes qui s'y intéressent. Je parle de gens mal intentionnés tels que les voleurs de cuivre, métal, les voleurs d'objets ou les graffiteurs. Aussi, il y a des SDF (personne sans domicile fixe), ou simplement des jeunes qui brisent gratuitement et d'autres qui pourraient mettre le feu. »

À ces risques, nous pouvons ajouter les blessures possibles, puisque certains endroits ne sont pas du tout sécuritaires pour une personne non expérimentée ou malveillante.

De par la nature de l'activité, nous ne pouvons donc pas dévoiler ici les localisations des photographies de cette chronique. Elles pourraient, ou pas, avoir été prises dans la région.

Ne jamais rien briser ou modifier!

Évidemment, pour pratiquer son activité, Yannick Gagnon doit se montrer prudent. Outre l'aspect sécuritaire dont nous venons de parler, jamais il ne va enfoncer une porte pour avoir accès à un endroit. Le lieu est abandonné, oui, mais il doit aussi prêcher par l'exemple, en respectant l'endroit et son histoire.

Ainsi, s'il lui est impossible d'entrer dans un endroit, il va simplement passer à son plan de secours, sans insister.

Notre histoire sous un autre angle

Yannick Gagnon fait partie de ces gens qui racontent notre histoire d'une autre manière. En actualisant le passé, nous le découvrons sous un angle différent. Le côté artistique de sa démarche permet une liberté qui fait défaut à l'écrit.

Il ne s'agit pas de dénaturer un endroit abandonné et historique, mais de lui donner une texture et une saveur inédite, en s'attardant parfois à un détail. Avec une seule image d'un objet apparemment anodin, il est possible de lui redonner son histoire. Chose qui serait difficilement réalisable à l'écrit, à moins que vous ayez vraiment le goût de lire pendant trois pages la description d'une poupée dans un coin!

 

Chaque objet a son histoire. La photographie permet d'isoler un détail et de le faire ressortir de tout ce qui l'entoure.

 

Yannick Gagnon, un passionné des lieux

Si, pour diffuser notre histoire, il est important d'avoir des personnes qui s'intéressent aux êtres humains, il est également important de s'intéresser à ces lieux anciens et étranges qui nous fascinent tous. Yannick Gagnon le fait très bien.

 

Yannick Gagnon, notre chasseur d'histoire de la semaine.

 

L'automne dernier, Yannick Gagnon avait même une exposition à la Bibliothèque de Chicoutimi.

En plus de diffuser ses photographies sur sa page Facebook personnelle, Yannick Gagnon participe également à alimenter la page Facebook Lieux abandonnés au Saguenay-Lac-Saint-Jean. , en collaboration avec Éric Wrich Boisvenu, un autre passionné de la photographie Urbex.

Cette semaine marque le premier texte de la série Chasseurs d'histoire. C'est un rendez-vous dans quelques semaines où nous vous présenterons un autre passionné, dans un domaine complètement différent.

Page Facebook de Yannick Gagnon photographe :

https://www.facebook.com/Saguenay-Lac-St-Jean-Yannick-Gagnon-Photographie-804871312964464/

Page Facebook de Lieux abandonnés au Saguenay-Lac-Saint-Jean :

https://www.facebook.com/Lieux-Abandonn%C3%A9s-Au-Saguenay-Lac-St-Jean-183552752083877/

Note: toutes les photographies de cette chronique ont été utilisées avec la permission de Yannick Gagnon, qui en possède les droits. Toute reproduction ou utilisation est interdite sans l'accord de celui-ci.

Page Facebook Saguenay et Lac-Saint-Jean histoire et découvertes historiques:

https://www.facebook.com/histoirelacstjean/

Christian Tremblay, chroniqueur historique

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