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Charles Gauthier impliqué de près dans le développement de vaccins

Yohann Harvey Simard
Le 12 mars 2021 — Modifié à 20 h 10 min le 12 mars 2021
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Qui a dit que venir au monde dans une région éloignée pouvait être un obstacle pour mener une carrière scientifique de haut niveau? Natif de Péribonka, Charles Gauthier prouve le contraire en apportant sa contribution à l’avancement de la science et de la médecine.

Docteur en chimie médicinale, Charles Gauthier a toute une feuille de route malgré qu’il ne soit qu’à l’aube de la quarantaine. Professeur agrégé à l’Institut national de recherche scientifique, Centre Armand-Frappier, il a aussi été maître de conférences à l’Université de Poitiers et chercheur postdoctoral à l’Institut Pasteur et à la prestigieuse université Oxford, au Royaume-Uni.

Après avoir passé cinq ans en France, à Poitiers, où il a notamment travaillé sur un projet de vaccin contre la mélioïdose, Charles Gauthier a eu l’opportunité de revenir au Québec.

« J’ai acquis la citoyenneté française par naturalisation et j’avais bien bâti mon programme, mais je sentais que ça stagnait. Là-bas, c’est très hiérarchique et j’ai toujours eu un problème avec l’autorité. Une opportunité s’est présentée à l’INRS et j’ai fait le saut », raconte-t-il.

Avec sa conjointe française, qui fait elle aussi carrière dans le domaine des sciences, et leurs enfants, ils décident de s’installer au Québec.

Recherches

Aujourd’hui, Charles Gauthier pilote un groupe de huit chercheurs et mène différents projets, la plupart en lien avec la santé et le développement de vaccin.

« Je travaille en continuité avec ce que je faisais à l’Institut Pasteur où on tentait de développer des vaccins à base de sucre. Il y a des micro-organismes qui produisent un polymère de sucre à leur surface. Nous tentons de mimer ces sucres-là qui peuvent servir pour des vaccins », explique-t-il.

Le Péribonkois d’origine est également impliqué dans un projet en Nouvelle-Zélande pour reproduire une molécule d’une éponge de mer.

« Il y a un récif corallien où on retrouve des éponges de mer pour laquelle nous avons isolé une molécule possédant des propriétés pharmacologiques intéressantes. Nous tentons de développer une approche pour faire une synthèse chimique de cette molécule. »

Bouleau blanc

L’un des projets drôlement intéressants sur lequel Charles Gauthier et son équipe travaillent concerne le bouleau blanc qui pourrait être utilisé dans les vaccins.

« Pour fonctionner, un vaccin a besoin d’un adjuvant, c’est comme un boost. Pendant très longtemps, le seul adjuvant approuvé était à base d’aluminium. On a trouvé une saponine dans un arbre au Chili qui est un bon adjuvant, mais qui est toxique et difficile à obtenir. Notre projet consiste à créer un adjuvant à base de la saponine du bouleau blanc, qui elle n’est pas toxique, en faisant un mix avec celle de l’arbre du Chili. »

Où Charles Gauthier pêche-t-il ces idées? En consultant quotidiennement la littérature scientifique qui est publiée.

« Chaque matin, j’ouvre mon ordinateur et je lis ce qui m’intéresse. Ça alimente mes réflexions et ça me permet de trouver des idées intéressantes à explorer! »

« Moi, je n’en reviens pas! »

Impliqué dans la recherche pour le développement de vaccins, Charles Gauthier connait bien les dessous de cet univers. Il ne comprend pas qu’un outil si utile pour la santé humaine puisse faire l’objet d’autant de méfiance.

Et la pandémie, qui a mené au développement de vaccins dans un temps record, est un terreau fertile pour ceux et celles qui se méfient de la vaccination.

« Moi, je n’en reviens pas! Ça part d’un gars qui a publié un article qui disait que les vaccins causaient l’autisme. Cet article a été rétracté il y a 20 ans et ça refait encore surface. J’ai fini par décider de me retirer de Facebook parce que ça venait trop me chercher. »

Charles Gauthier affirme que le public peut et devrait faire confiance à la science. Les vaccins ont maintes fois prouvé leur utilité pour éliminer des maladies éminemment dangereuses.

« Quand on a un problème d’égout, on appelle un plombier et lui fait confiance. Pourquoi on ne ferait pas confiance aux scientifiques quand c’est le temps d’avoir recours à leur expertise? », illustre-t-il.

Région

Pour ceux qui ont côtoyé Charles Gauthier à l’école, il était évident qu’il finirait dans les sciences.

« J’ai toujours été intéressé par les sciences. Mon père m’a introduit à ça avec un atlas où on pouvait voir les planètes. L’origine de la vie, de l’univers, ça me fascinait! »

La chimie organique, qui explique le vivant, est donc devenue le chemin naturel qu’a suivi Charles Gauthier, même si ce n’était pas la matière où il a excellé le plus d’entrée de jeu.

Mais si la science le passionne au plus haut point, un élément manque toujours dans l’équation : le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

« J’aimerais vraiment revenir dans la région et j’aurai peut-être une opportunité de le faire, je l’espère beaucoup, car ça me manque vraiment. J’ai vécu à plusieurs endroits, mais c’est à Péribonka que je suis bien et j’essaye d’y passer mes étés quand c’est possible. »

Le gouvernement du Québec a annoncé des unités mixtes de recherche, dont un poste pourrait potentiellement être à l’UQÀC. L’avenir dira si Charles Gauthier pourra s’y retrouver un jour.

« Il n’y a pas de raisons pour lesquelles on ne pourrait pas faire de la recherche scientifique en région. Moi, je fais principalement de la synthèse de molécules, alors on n’a pas besoin de tant d’équipements. Ça peut se faire n’importe où. »

 

 

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