Le souvenir de la fermeture de la papetière de Dolbeau-Mistassini hantera sans doute toujours le milieu. Dix ans après le redémarrage des installations, la directrice de l’usine, Marie-Noëlle Watts, jette un regard qui allie lucidité et optimisme quant à l’avenir.

« Le papier est un marché en décroissance, il ne faut pas se leurrer, c’est une réalité qui ne changera pas et qui nous tiendra toujours sur le qui-vive. Cependant, on a encore de belles années devant nous et qu’on parle de court, moyen ou long terme, je ne suis pas inquiète », lance Marie-Noëlle Watts, qui se trouve aux commandes de l’usine dolmissoise depuis l’été dernier.

En effet, la papetière se trouve actuellement dans une excellente position. Le carnet de commandes n’a jamais été aussi garni à cette période de l’année, du moins depuis la réouverture de 2012.

« Généralement, à cette période-ci de l’année, c’est plus tranquille et on produit en avance des commandes que l’on aura plus tard. Actuellement, on est vraiment accoté sur nos délais de livraison dans notre calendrier de production. On ne peut pas tirer de conclusions hâtives, mais le marché est bon. »

Diversification

Il faut dire que l’usine locale a fait passablement de chemin depuis sa réouverture afin d’améliorer sa position dans le marché. Capable de produire 10 grades de papier en 2012, la papetière compte maintenant à son carnet 45 grades différents. Le blanchiment au peroxyde a aussi été relancé dans les dernières années afin de donner à l’entreprise une corde additionnelle à son arc.

« Le fait que l’on ait une petite machine à papier joue en notre faveur. Une plus grosse machine produit davantage de pertes lorsque tu changes de type de production, alors il y a des avantages à la versatilité que nous offre notre petite machine. On peut améliorer notre position dans le marché en allant chercher différentes niches. »

Emplacement stratégique

Physiquement, la papetière jouit aussi de quelques avantages pour affronter l’avenir. Elle est relativement compacte, située à proximité de la ressource avec des scieries tout près pour obtenir du copeau et sa capacité de traitement des eaux usées est suffisante pour lui assurer de ne pas être dans une mauvaise posture si les normes devaient être resserrées.

« Nous avons aussi un bel atout avec la cogénération. Ça nous permet d’être très compétitifs et c’est aussi ce qui a permis le redémarrage de l’usine à l’époque. Dans un marché en décroissance, les usines les plus performantes sont celles qui vont durer. »

Le contrat de vente d’électricité à Hydro-Québec émanant de la cogénération vient à échéance en 2027. Son renouvellement est une possibilité et demeure naturellement une clé pour l’avenir des installations.