Actualités

Temps de lecture : 2 min 48 s

Agriculture : « Il y a une vague sur laquelle surfer et travailler » 

Janick Émond
Le 16 octobre 2020 — Modifié à 15 h 23 min le 16 octobre 2020
Par Janick Émond - Journaliste

Le milieu agricole est porté par une nouvelle vague alors que la pandémie a amené de nombreux consommateurs à se questionner davantage sur la provenance de leur panier d’alimentation. Un constat plus que bienvenu dans un milieu qui n’est pas exempt de défis.

« La COVID, malgré ses inconvénients, amène une belle vague d’intérêt de la part du consommateur sur ce qui se produit au Québec. On a toujours tenté de faire des efforts de ce côté, mais ce n’était pas simple, car pour le consommateur, le panier d’épicerie coûte toujours trop cher. Actuellement, il y a une vague sur laquelle surfer et travailler », mentionne Étienne Barrette, président local de l’UPA Maria-Chapdelaine.

Le momentum a rarement été aussi bon pour valoriser l’agriculture locale et les produits qui en découlent puisque le consommateur se sent davantage interpellé par cet enjeu que par le passé.

Et provincialement, d’excellents signaux ont été lancés par le gouvernement à travers la crise, estime Étienne Barrette.

« Ça n’imprime pas de l’argent directement, comme on dit, mais il y a des bonifications de programme très intéressantes qui vont au-delà des produits traditionnels. Quand on parle de mise en marché des produits québécois et de politique d’achat local, on ne peut que se réjouir. »

D’un certain point de vue, donc, les contrecoups de la pandémie ont apporté un vent de fraîcheur dans un domaine de l’activité économique qui n’a rien de facile. Le défi de la main-d’œuvre et la réalité du surmenage font toujours partie de l’équation.

Coop de main-d’œuvre

Des solutions sont cependant en train de cheminer. Une coopérative de main-d’œuvre agricole est en cours d’élaboration sur le plan régional et devrait pouvoir donner un coup de pouce qui sera le bienvenu aux producteurs.

Les producteurs qui se prévaudront de ces services pourront obtenir de la main-d’œuvre temporaire, un enjeu important ces années-ci, ou encore avoir la possibilité de prendre quelques jours de répit pendant que d’autres travailleurs s’occuperont de la ferme.

« Le plus gros besoin, ce sont les animaux, c’est ce qui est le plus énergivore. Dans le végétal, même si c’est beaucoup de travail, tu peux parfois t’octroyer un avant-midi quand la météo est mauvaise, mais les animaux ont toujours besoin de soin et ça n’arrête jamais. »

Cette coopérative de main-d’œuvre aura besoin d’une aide financière pour opérer, puisqu’à la lumière d’expériences semblables menées ailleurs au Québec, il s’agit d’une activité déficitaire.

« On aura besoin d’un peu de financement et on sait que ce ne sera pas gratuit. Mais quand même, je pense que pour les producteurs, de prendre le temps de recharger les batteries et de penser à soi-même, c’est un très bon investissement. »

L’importance de s’assurer

Les changements climatiques ont un impact direct sur l’agriculture et sont imprévisibles. D’où l’importance de ne pas hésiter à s’assurer auprès de la Financière agricole.

Le syndicat local de l’UPA Maria-Chapdelaine milite auprès de ses membres afin de les inviter à s’assurer à la Financière, chose que plusieurs ne font pas.

« C’est un filet de sécurité, mais malheureusement, plusieurs n’y adhèrent pas. On parle de changements climatiques avec de plus en plus de variations. Même si dans l’ensemble, tu connais un été dans la moyenne, un épisode d’excès de chaleur momentané suffit à causer des pertes qui peuvent être très importantes », relate Étienne Barrette.

Le problème, c’est qu’un producteur peut avoir subi des pertes importantes sans que le programme de compensation de la Financière ne se déclenche pour autant parce que les cultures de ce secteur n’ont pas été suffisamment impactées dans l’ensemble.

« Ça crée des déceptions et ça fait en sorte que des gens ont l’impression de s’assurer pour rien. Mais quand on connaît une année de misère où tout le monde subit des pertes, si tu n’es pas assuré, tu ne touches aucune compensation. Il faut voir le tout stratégiquement. »

D’autant plus, affirme Étienne Barrette, que le coût de l’assurance n’est pas un problème puisque le fédéral et le provincial assument grosso modo les deux tiers de la facture.

« Avec davantage de producteurs assurés, on obtient également un meilleur portrait d’ensemble et il est plus facile d’aller revendiquer pour des secteurs précis au besoin », fait-il valoir.

 

 

Abonnez-vous à nos infolettres

CONSULTEZ NOS ARCHIVES