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Achigan et crapet-soleil: Des menaces aux portes du lac Saint-Jean

Yohann Harvey Simard
Le 12 septembre 2022 — Modifié à 10 h 16 min le 12 septembre 2022
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

La présence d’achigans à petite-bouche dans la rivière Petite-Décharge inquiète. C’est que de graves conséquences seraient à prévoir si l’espèce envahissante parvenait à rejoindre les eaux du lac Saint-Jean, signale Marc Archer, directeur général de la Corporation LACtivité Pêche Lac-Saint-Jean

Ce dernier fait une mise en garde quant aux risques liés à l’introduction de l’achigan à petite-bouche alors qu’un spécimen a été pêché dans la rivière Petite-Décharge un peu plus tôt cet été. Il rappelle que d’autres prises avaient précédemment été faites dans les environs du barrage de Chute à Caron, à Shipshaw.

« S’il y a un hurluberlu qui décide d’en mettre quelques-uns dans une glacière pour faire une expérience et de monter ça au lac Saint-Jean, ça serait une véritable catastrophe. »

Il précise que c’est d’ailleurs une action humaine qui est à l’origine de l’introduction de l’achigan à petite-bouche dans la région en 2014. Des spécimens avaient alors été libérés dans le lac des Habitants.

Toujours est-il que selon Marc Archer, les zones peu profondes et sablonneuses du Piékouagami constitueraient un habitat de choix pour l’achigan, qui s’y reproduirait ainsi à vitesse grand V.

Espèce très prolifique et piscivore, rappelle Marc Archer, l’achigan s’attaquerait rapidement aux populations de poissons-fourrages, tels que l’éperlan, un élément important dans la diète de la ouananiche, et dans une moindre mesure, du doré jaune. « Le doré et la ouananiche mangeraient tout un coup », estime-t-il.

« Crime écologique »

Pour l’heure, les différents barrages assurent la protection du lac Saint-Jean, indique Marc Archer. Il ajoute que l’implantation volontaire de l’achigan constituerait un véritable « crime écologique ».

« Si tu mets ça à l’extrême, c’est comme si ça réduirait à néant 25 années d’efforts des pêcheurs et de la communauté régionale. »

Marc Archer fait valoir que d’importantes sommes ont été investies afin de rétablir les populations de poissons dans le lac Saint-Jean. Il mentionne notamment l’aménagement de 25 frayères artificielles d’éperlans arc-en-ciel en 2017, un investissement de 500 000 $.

[caption id="attachment_78966" align="alignnone" width="191"] Un achigan à petite-bouche a mordu à l’hameçon d’un pêcheur au mois d’août sur la rivière Petite-Décharge.[/caption]

Autre menace

Il semble que l’achigan à petite-bouche ne soit pas la seule menace qui guette le lac Saint-Jean.

Récemment, un crapet-soleil a été capturé dans la rivière Petite-Décharge à la hauteur d'Alma par un pêcheur sportif, a fait savoir le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs par voie de communiqué.

Or, on y apprend que le crapet-soleil est un poisson de la même famille que l’achigan et qu’il est lui aussi « une espèce très prolifique, entre autres parce que les adultes protègent leur progéniture. Une fois bien établie, l'espèce entre en compétition avec les autres espèces pour l'habitat et l'alimentation. Il peut s'alimenter d'insectes aquatiques et de petits poissons et, ainsi, nuire considérablement à toutes les espèces indigènes qui s'y trouvent déjà ».

Par ailleurs, le Ministère affirme « qu’il est impossible que le crapet-soleil ait migré entre le secteur de La Baie, où sa présence était connue, et la Petite-Décharge, où le spécimen a été pêché, considérant la présence des barrages à Jonquière. L'hypothèse la plus probable est l'introduction par l'humain. »

Peu ou pas de solutions

Le Ministère indique que les moyens utilisés pour éliminer les espèces introduites ou limiter leur propagation sont peu nombreux et ne s'appliquent que dans certains cas particuliers.

Toutefois, faisant référence au crapet-soleil, « les introductions comme celle découverte cette fin de semaine anéantissent toute possibilité d'intervention puisqu'elles permettent aux espèces envahissantes de s'établir dans des milieux autrement inaccessibles pour elles. »

[caption id="attachment_78967" align="alignnone" width="375"] Un pêcheur a récemment fait la capture d’un crapet-soleil au quai Villa Saguenay, à Alma.[/caption]

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